Innovations déchets – Bulletin d’info ZDZG février 2018

Ces start’up qui changent le monde!

EtNISI : des déchets transformés en carrelage

Chaque année, la braderie de Lille génère 500 tonnes de coquilles de moules en un week-end, envoyées à l’incinération. En 2015, un ingénieur met au point un procédé baptisé Wasterial (de anglais « Waste », déchet et « material », matière), qui permet de créer des revêtements de sols et autres objets à partir de tous les déchets non valorisés : coquilles de moules mais aussi briques rouges du Nord, marc de café, sable, verre, argile, béton ou mâchefer.

Son entreprise EtNISI (4 salariés) fabrique ainsi des pièces de carrelage colorées, des dalles extérieures et du mobilier, avec 75% de matières recyclées, l’objectif étant d’atteindre les 100% dans les prochaines années. Sa première usine de production s’est installée fin 2017 à Marcq-en-Barœul, près de Roubaix (collectivité très active dans le zéro déchet), avec un show-room et un laboratoire où l’ingénieur a déjà testé près de 400 matières.

Parallèlement, dans une logique d’ancrage local et de circuit court, l’entreprise souhaiterait mailler le territoire avec des micro-usines de production transportables dans un conteneur afin d’être au plus près de la matière (objectif : 5 à 6 d’ici 2020). Au cœur de sa démarche, l’ingénieur place la notion d’identité locale, avec la création de matières chargées d’histoire. Ses clients sont pour l’instant des magasins de bricolage, des fournisseurs de mobilier urbain et des collectivités.

http://www.etnisi.com/
 

TIPA : un emballage biodégradable

L’entreprise israélienne TIPA présentait ses produits au « World Efficiency Forum » (1er forum international de l’économie sobre en ressources et en carbone) à Paris en décembre dernier : un emballage – constitué d’un mélange de polymères biodégradables – qui se dégrade en 180 jours et se transforme en fertilisant pour les sols, comme une peau d’orange.

L’entreprise – dirigée par Daphna Nissenbaum – compte 10 salariés ; leur gamme comprend des emballages individuels transparents, imprimables et refermables (sachets, blisters, sacs de congélation…), généralement utilisés pour l’emballage de produits frais et boulangerie, mais aussi dans l’industrie de la mode pour des packaging de luxe. Déployés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas, leurs produits cherchent à conquérir le marché français, dans un contexte de Loi de Transition Energétique pour la Croissance verte, qui d’une part interdit d’utiliser des emballages non biodégradables pour l’envoi de la presse et de la publicité, et d’autre part impose la généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici2025.

Aujourd’hui, le marché de l’emballage compostable est une niche mais les consommateurs sont de plus en plus demandeurs, et les entreprises cherchent à réduire leur empreinte environnementale. Le coût de ces produits reste élevé, mais l’enjeu de notre société consiste bien à trouver des alternatives aux plastiques non dégradables, qui seraient plus importants en mer que les poissons d’ici 2050 (en termes de poids)…

https://tipa-corp.com/

Armor 3D : une enceinte Bluetooth éco-conçue

La start’up nantaise AMOR 3D (labellisée FrenchTech)  présentait son projet DOT au salon de l’électronique de Las Vegas en janvier 2018 : une enceinte bluetooth OWA croisant le design, l’industrie et l’écologie. Les designers ont conçu une enceinte lumineuse, surmontée d’une cloche en dentelle rappelant la grille perforée d’une enceinte radio. Composée de produits recyclables, elle est aussi personnalisable (forme, couleur, motif) grâce à l’impression 3D. Cette création utilise des filaments 3D en plastique recyclé et recyclable, inventés par le groupe ARMOR en 2016 sous la marque OWA pour lutter contre l’obsolescence programmée.

Au-delà de l’éco-conception, ce projet reflète aussi de nouvelles façons de travailler et de produire : ce produit est en effet le fruit d’une collaboration de multiples start’up au sein du TechShop de Leroy Merlin d’Ivry-sur-Seine : agence de design Bold, créateur d’imprimante 3D « Dood studio », start’up SECTOR pour la conception électronique. Aujourd’hui, les modalités de commercialisation sont encore ouvertes : soit en kit à monter soit en produit fini imprimé. Une campagne de crowdfounding a été lancée pour envisager la production d’une série limitée d’enceintes.

Voir leur site internet

L’Increvable : une machine à laver réparable

Malgré l’évolution des techniques, les machines à laver ont aujourd’hui une durée de vie 2 à 3 fois moins longue qu’il y a 40 ans : en moyenne 9 ou 10 ans. Deux ingénieurs en création industrielle – Julien Phedyaeff et Christopher Santerre – ont alors conçu dans le cadre de leurs études un prototype de machine à laver capable de durer une cinquantaine d’années, judicieusement nommé « L’increvable », du nom de leur société créée en 2015.

Dès sa conception, la machine est pensée pour être : durable, réparable, évolutive et unique (avec sa façade personnalisable). Globalement, les machines à laver ont connu peu d’évolution technique au fil des décennies : un tambour, un moteur, une pompe… Aussi, la machine est livrée en kit, à la fois pour réduire le coût final et permettre à tous de comprendre le fonctionnement, donc de gérer plus facilement les éventuelles pannes (avec l’aide de tutoriels proposés sur une plateforme en ligne). Chaque partie étant indépendante – plutôt que des éléments soudés et collés – il n’est donc plus nécessaire de changer tout l’appareil… Un autre avantage important réside dans la facilité de manutention, que ce soit pour une livraison… ou un déménagement !!

Le prototype a reçu de nombreux prix et soutiens depuis 2014, et l’objectif est de pouvoir commercialiser la machine d’ici la fin de l’année 2018, en la positionnant au niveau d’une machine haut de gamme, soit 1000 €. Pour l’heure, la société recherche un industriel capable de fabriquer et surtout de garantir des pièces détachées pour 10 ans.

http://lincrevable.com/fr/
Voir la vidéo
Interview intéressante d’un des ingénieurs dans le journal Le Monde dans le cadre d’un dossier sur le rapport au temps

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