Les gestes de tri des déchets renvoient plus globalement tout à la fois au maintien de l’ordre (saleté comme anomalie) et à la crainte de maladies (risques bactériologiques). Aujourd’hui, comment penser le « déchet » ?
Basée sur une vingtaine d’entretiens semi-directifs, cette étude analyse sociologiquement les gestes de tri des ménages. L’observation de la vie dans nos logements renseigne sur la place des poubelles dans le logement (visibilité), et sur les comportements de tri selon les circonstances.
Par ailleurs, le développement du recyclage a progressivement responsabilisé les individus face aux enjeux environnementaux, et leurs performances sont aujourd’hui valorisées (challenges entre habitants)…Mais cette norme sociale est-elle partagée ?
Toute une gamme de comportements existent, des convaincus aux récalcitrants en passant par les conformistes. Ces comportements s’appuient sur des croyances et des expériences : absence de validation du tri (« on ne sait jamais si on trie bien »), diversité des gestes selon les villes, grande multiplicité des catégories de déchets…
Les comportements s’inscrivent aussi dans un contexte de rapport social potentiellement générateur de conflits (conjoints, collègues, amis..), et dépendent du regard porté sur le déchet : objet du passé devenu obsolète dans notre espace, le déchet peut à la fois être requalifié pour une seconde vie, réutilisé tel quel ou transformé.